Artémis61

Je suis née dans un département rural du Sud-ouest de la France
mes grands-parents paternels étaient paysans-chasseurs
je n’ai jamais tué d’animaux pour me nourrir
(à part des huîtres, des moules et des araignées de mer)
j’ai déjà tué des animaux
(surtout des insectes, et la plupart du temps en voiture)
je n’ai jamais tué d’humain
on m’a enseigné la gestion de ma violence dès mon plus jeune âge
j’ai plusieurs fois été considérée comme une proie, et parfois avec brutalité
j’habite dans une grande ville
je suis considérée comme « artiste-écolo » par mon entourage
je suis maman d’une petite fille
je n’ai pas de chien
je n’ai jamais tiré à la carabine (même à la fête foraine)
j’ai décidé de passer mon permis de chasse

Et si c’était les conflits d’usage de ces espaces quasi-exclusivement pour des loisirs le dimanche qui était à questionner ? Est-ce-que la chasse est un loisir ? Peut-elle être encore considérée comme vivrière ? Ou comme un rituel traditionnel ? Est ce que la chasse d’aujourd’hui est artificielle ? Est elle plus violente que l’élevage ? Quels effets produit-elle sur les paysages, les écosystèmes et les habitant.e.s ? Est-ce-que le fait qu’elle ne participe plus (a priori pour la grande majorité d’entre nous) à notre équilibre social et alimentaire est une bonne nouvelle ?

Afin de dépasser mes a-priori, mes réflexes induits par mon prisme social et culturel, je décide de mener l’enquête, d’apprendre, de comprendre et de m’initier auprès des chasseur.se.s. Si l’on ne chasse plus par nécessité, quels sens et quels plaisirs y trouve-t-on aujourd’hui ?